L’Entraînement en interprétation
PETIT GUIDE POUR ORIENTER LE TRAVAIL D’ENTRAINEMENT DES ETUDIANTS ET DES JEUNES DIPLOMES EN INTERPRETATION
Il m’est apparu clairement au fil des années, que nombre d’étudiants en M1 et M2 - souhaitant s’entraîner au mieux pour renforcer leur techniques en interprétation, leur langue A et éventuellement leur langue B (actuelle et potentielle) - ne savent pas trop comment s’y prendre ni quels entraînements il convient de privilégier. Ce constat s’applique encore davantage à celles et ceux qui viennent d’obtenir leur diplôme, mais qui appréhendent la suite, étant donné qu’ils seront souvent livrés à eux-mêmes et que la discipline et la structure de leur école d’interprétation ne seront plus là pour les entourer et les encadrer.
J’ai donc pensé qu’il serait utile de coucher sur papier quelques idées de pistes et d’exercices utiles pour tout le monde.
J’espère que vous avez tous compris que les heures de formation et d’enseignement offertes par votre école ne peuvent jamais être plus que la partie émergée de l’iceberg, et que si vous vous en contentez, vous n’avez pratiquement aucune chance de devenir interprète professionnel! Il faut dès aujourd’hui vous débarrasser de l’idée qu’assister aux cours fera automatiquement de vous des interprètes – mobilisez dès à présent votre énergie, votre volontarisme et votre imagination pour vous autonomiser.
Pensez à vos cours formels comme des occasions de bilan et d’accès à des formateurs chevronnés, mais retenez que même si l’athlète olympique (que vous souhaitez être sur le plan linguistique) recourt à un entraîneur spécialisé, celui-ci ne peut qu’observer et désigner des pistes d’entraînement. Ce sont les muscles et les tendons de l’athlète, et pas ceux du coach ou de l’entraîneur, qui permettront la réussite olympienne, et c’est à l’athlète lui/elle-même de fournir les efforts longs, fréquents, ciblés, réfléchis et soutenus qui seuls permettront de se muscler, d’acquérir de la résistance et de la technique.
Ici, c’est VOTRE cerveau qui doit s’aguerrir et acquérir les synapses et les pistes neuronales qui sont les préalables à l’interprétation (surtout en simultanée), et il n’y a pas de raccourci : la seule méthode pour ce faire c’est de très nombreuses heures d’entraînement, seul(e) ou avec d’autres, ponctuées d’évaluations et de bilans donnés par des professionnels expérimentés qui savent où la barre se situe, et comment corriger le tir si c’est nécessaire. On dit communément (voir p. e. le livre ‘Talent is Overrated’ de Jeff Colvin) que pour acquérir une compétence d’expert pointu il faut une moyenne de 10.000 heures d’entraînement et, bien que l’on n’attend pas autant de vous pour que vous puissiez lancer votre carrière, il faut comprendre – aujourd’hui même – que pour vous le prix de la réussite est au moins plusieurs centaines d’heures de pratique dans des conditions réelles.
De manière générale, il convient de faire un ou plusieurs entraînements (décrits ci-après) tous les jours, l’important étant de ‘faire tourner’ votre cerveau constamment ! En ce faisant, poussez-vous juste au-delà de votre zone de confort intellectuel/neurologique, mais n’en sortez pas de très loin – ainsi, tout comme dans la musculation qui cherche à construire du muscle plutôt qu’à en déchirer, vos capacité mentales augmenteront progressivement, et votre cerveau restera actif et performant sans que vous ne le détruisiez ! Je crois que vous pouvez quand-même vous accorder une journée entière par semaine de repos et de détente, et là il s’agit certainement de reculer pour mieux sauter !
Encore un principe général : mieux vaut faire des entraînements fréquents et intensifs, que épisodiques et de manière superficielle (voir annexe I ci-dessous).
Il existe des compétences d’interprète essentielles qui ne sont guère enseignées dans les écoles d’interprétation, et qui manquent donc le plus souvent aux étudiants en interprétation, et aussi aux jeunes diplômés ; j’encourage vivement cette deuxième catégorie (la première ayant déjà pas mal de pain sur la planche !) de personne, à employer une partie de leur temps d’entraînement à l’acquisition de ces qualités (dont certaines ne peuvent pourtant être essayées qu’en cabine). Vous trouverez des informations sur ces compétences et techniques dans mon article “Lancer votre carrière” sur ce site (à venir).
Voici à quoi pourra ressembler une journée typique d’entraînements, pour ceux qui n’ont ni travail ni cours :
Matinée : quatre fois 20m d’exercices (à panacher sur la liste ci-dessous, en fonction de vos désidérata individuels), suivi à chaque fois de 15m d’analyse et/ou de feedback, et avec un temps de repos de 20m entre exercices. Total : 3h 40m (disons de 09.30h à 13.10h) Après-midi : la même configuration, mais avec trois ‘rotations’ à la place de quatre. Total : 2h 45m (disons de 15.00h à 17h 45m)
Soirée : la même configuration, mais avec ‘deux rotations’ à la place de quatre. Temps total : 1h 50m (disons de 20.00h à 21.50h)
Et voici une proposition de schéma d’entraînements pour ceux qui, le jour en question, doivent être présents soit pour un travail rémunéré soit pour des cours :
A un ou des moments de disponibilité : trois fois 15m d’exercices (à panacher sur la liste ci-dessous, en fonction de vos désidérata individuels), suivi à chaque fois de 10m d’analyse et/ou de feedback, et avec un temps de repos de 20m entre exercices. Total : 2h 15m
Il va sans dire que, en fonction de son métabolisme et ses habitudes, on peut inverser ces schémas si on est plus ‘après-midi’ ou ‘soir’ que ‘matin’ ! Essayez d’acquérir la faculté de vous concentrer rapidement et a 100% pendant vos entraînements, et de vous détendre tout aussi intensément ( !) lorsque vous en avez besoin !
Pendant vos entraînements, inspirez-vous aussi du texte, en annexe 1 ci-dessous, sur les méthodes d’entraînement efficaces employées par les spécialistes et experts en tous genres, et aussi des autres articles sur ce site, notamment sur le shadowing/la filature, les langues B, et lancer sa carrière. Les autres annexes à ce document sont les suivantes :
IV Comment créer un groupe d’entraînement – Federica Mamini (IBPG, Bruxelles)
VII Liens vers de bons discours en anglais, pour interprétation et ‘shadowing’
Suit une petite liste des exercices qui vont vous aider (même si chaque cas, chaque vie, chaque objectif et chaque cerveau est différent – si vous voulez me consulter pour confectionner un planning personnalisé en fonction de vos circonstances et de vos ambitions particulières, je serai bien entendu ravi de vous aider, dans la mesure de mes disponibilités):
1) Ecouter beaucoup la radio (NPR, BBC Radio 4 et World Service, pour l’anglais) parlée, parfois avec une concentration exclusive, parfois en toile de fond de vos activités routinières (vaisselle, repassage…).
L’avantage ici est que vous n’aurez pas d’indices visuels, ce qui va vous habituer à saisir le sens et la musique de la langue (passive) au vol, et en écoute plus active à parfaire la richesse lexicale de vos langues actives.
En écoutant la radio tout en faisant autre chose, vous entraînez aussi votre cerveau à traiter et à comprendre vos langues passives avec une partie seulement de vos capacité mentales – là il s’agit du but à atteindre en cabine, afin de libérer vos neurones pour la compréhension et le traitement, les tâches premières de l’interprète (pour qui la restitution doit aller plus ou moins de soi).
2) Pour améliorer et votre langue A et votre langue B (naissante et confirmée), faites de la simultanée à partir de vrais discours où l’orateur ne fait pas de concessions du fait d’être interprété(e). Utilisez ordinateur et écouteurs, enregistrez-vous et contrôlez votre prestation, ensuite faites contrôler régulièrement votre interprétation par un professionnel de la bonne langue A (s’il le faut en envoyant des fichiers par email).
3) Constituez un groupe d’entraînement avec d’autres étudiants, négociez l’utilisation d’une salle avec cabines et organisez des séances régulières en vous tenant au respect de ces rendez-vous, même quand vous êtes fatigué(e) ou que le cœur ne vous en dit guère ! Ici, vous pourrez vous exercer à la consécutive et la simultanée. Préparez et donnez des discours à tour de rôle (ce qui aura aussi l’avantage de vous entraîner à cet exercice essentiel, assimilé à la consécutive). Vous trouverez en annexe 4 la description d’un tel groupe d’entraînement, celui-ci ouvert surtout aux jeunes diplômés plutôt qu’aux étudiants.
4) Faites des traductions à vue tous les jours, seul(e) ou à plusieurs, en vous astreignant aussi à trouver sans hésitation au moins 5 ou 6 versions différentes de chaque phrase (vers la langue A), en faisant varier vocabulaire, syntaxe, et constructions grammaticales. Vers la langue B éventuelle, 3 versions, encore une fois dans la foulée et sans temps de latence, pourront suffire comme but. Ici, vous allez accroître la souplesse de votre maîtrise lexicale et l’agilité de votre esprit..
5) Travaillez absolument et fréquemment votre vitesse, notamment en traduction à vue, utilisant comme source les transcriptions ‘interactives’ (avec repères-temps) téléchargées du site TED – en vous chronométrant, vous n’aurez besoin que du texte imprimé, ce qui rend cet exercice très facile à mettre en route à tout moment et sans support électronique. Vous devez savoir que la plupart des étudiants et diplômés des écoles d’interprétation, ne sont pas capables de travailler à une vitesse qui leur permettrait d’assurer de vraies missions, car la matière première proposée par ces écoles n’est le plus souvent pas suffisamment exigeant au niveau de la vitesse. Ainsi, pouvoir faire une traduction à vue parfaite mais lente, ne sert pratiquement à rien, la notion de vitesse étant omniprésente dans notre profession.
6) Faites des consécutives de 4 minutes, de préférence devant un public, composé soit de vos collègues soit de ‘consommateurs purs’ ne possédant pas la langue source – un tel procédé s’est avéré très motivant pour les étudiants, car il les met en position réel de ‘truchement’ ayant un rôle clef pour que le message soit transmis. Attention toutefois – si votre auditoire est composé de non-interprètes, les pousser à être très francs mais constructifs dans leur feedback éventuel…
7) Faites beaucoup de ‘shadowing’ (voir texte sur ce site) à partir de beaux discours dans votre langue A et votre langue B éventuelle. N’oubliez pas que même votre langue maternelle ne sera souvent pas encore d’une richesse suffisante pour interpréter en conférence de manière convaincante. En outre, cet outil est le meilleur possible pour acquérir et renforcer une langue B. Le ‘shadowing’ permet, à condition d’en faire des dizaines d’heures et d’y introduire progressivement d’autres charges mentales, de mettre en place les automatismes et réflexes linguistiques essentiels.
8) Entraînez-vous à lire très rapidement, jusqu’à ce que vous ne trébuchiez plus, des textes (peu importe le contenu) écrites dans vos langues actives – ceci peut sembler enfantin, mais vous verrez vite que cela ne va pas de soi pour beaucoup…
9) Entraînez-vous dans la technique indispensable de la ‘simultanée avec texte’ – surtout au niveau des grandes Organisations Internationales, il s’agit de quelque chose qui constitue la majeure partie du travail en cabine, mais la technique n’est souvent même pas enseignée par les écoles ! Vous n’êtes pas interprète de conférence tant que vous n’aurez pas maîtrisé cette technique, mais son apprentissage peut être long. Ne vous découragez pas si, au début, la présence du texte ‘en cabine (réelle ou virtuelle) semble être un obstacle plus qu’autre chose – ça viendra avec le temps. Une bonne technique initiale peut être d’employer des transcriptions ‘TED’, car vous avez ainsi l’assurance que l’orateur ne s’écartera pas de son texte, ce qui enlève l’une des difficultés principales de l’exercice. Plus tard, passer à des textes avec digressions, pour apprendre à gérer celles-ci, ensuite utiliser des discours tellement complexes et rapides que vous ne pourrez ‘survivre’ sans l’appui du texte, ce qui va vous contraindre à l’employer…
10) Faites des exercices avec la notation de chiffres et de noms en tous genres, car là aussi il s’agit d’une compétence absolument non-négociable dans le monde réel, mais que ne possèdent pas la majorité des étudiants ni des récents diplômés ! Si vous êtes seul(e), vous n’avez qu’à rédiger et enregistrer une longue liste de chiffres de faits et de noms, et transcrire en temps réel votre propre enregistrement par-après.
Quand vous travaillez en groupe, soyez constructifs dans votre feedback, mais soyez aussi francs et exigeants, car c’est seulement ainsi que vous progresserez ; tentez de ne pas vous contenter de répertorier les erreurs de langue, mais cherchez à débusquer les failles éventuelles de l’écoute, de la compréhension et du raisonnement qui sont à l’origine des erreurs, omissions et imprécisions.
Mes jeunes amis, je sais que tout ce qui précède peut vous paraître compliqué, exigeant et insurmontable, mais tenez bon et ne soyez pas abattus – nous sommes tous passés par là, et je peux vous garantir que notre métier et si fascinant, gratifiant, varié et stimulant que le jeu en vaut vraiment la chandelle ! Si vous arrivez à faire tout ce qui précède, vous serez exceptionnel(le) et vous aurez une vraie carrière d’interprète de conférence…
Alors, confectionnez-vous un plan d’études écrit et raisonné, et suivez-le, même les mauvais jours – c’est ainsi que vous réussirez, et pas autrement, je le répète !
Chris Guichot de Fortis
novembre 2014, mise à jour juin 2017
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ANNEXE I
Article : « Elite Players’ Practice »
The Berlin Study
In the early 1990s, a trio of psychologists descended on the Universität der Künste, a historic arts academy in the heart of West Berlin. They came to study the violinists.
As described in their subsequent publication in Psychological Review, the researchers asked the academy’s music professors to help them identify a set of stand out violin players — the students who the professors believed would go onto careers as professional performers.
We’ll call this group the elite players.
For a point of comparison, they also selected a group of students from the school’s education department. These were students who were on track to become music teachers. They were serious about violin, but as their professors explained, their ability was not in the same league as the first group.
We’ll call this group the average players.
The three researchers subjected their subjects to a series of in-depth interviews. They then gave them diaries which divided each 24-hour period into 50 minute chunks, and sent them home to keep a careful log of how they spent their time.
Flush with data, the researchers went to work trying to answer a fundamental question: Why are the elite players better than the average players?
The obvious guess is that the elite players are more dedicated to their craft. That is, they’re willing to put in the long, Tiger Mom-style hours required to get good, while the average players are off goofing around and enjoying life.
The data, as it turns out, had a different story to tell…
Decoding the Patterns of the Elite
We can start by disproving the assumption that the elite players dedicate more hours to music. The time diaries revealed that both groups spent, on average, the same number of hours on music per week (around 50).
The difference was in how they spent this time. The elite players were spending almost three times more hours than the average players on deliberate practice — the uncomfortable, methodical work of stretching your ability.
This might not be surprising, as the importance of deliberate practice had been replicated and reported many times (c.f., Gladwell).
But the researchers weren’t done.
They also studied how the students scheduled their work. The average players, they discovered, spread their work throughout the day. A graph included in the paper, which shows the average time spent working versus the waking hours of the day, is essentially flat.
The elite players, by contrast, consolidated their work into two well-defined periods. When you plot the average time spent working versus the hours of the day for these players, there are two prominent peaks: one in the morning and one in the afternoon.
In fact, the more elite the player, the more pronounced the peaks. For the best of the best — the subset of the elites who the professors thought would go on to play in one of Germany’s two best professional orchestras — there was essentially no deviation from a rigid twosessions a day schedule.
This isolation of work from leisure had pronounced effects in other areas of the players’ lives.
Consider, for example, sleep: the elite players slept an hour more per night than the average players.
Also consider relaxation. The researchers asked the players to estimate how much time they dedicated each week to leisure activities — an important indicator of their subjective feeling of relaxation. By this metric, the elite players were significantly more relaxed than the average players, and the best of the best were the most relaxed of all.
Hard Work is Different than Hard to Do Work
To summarize these results:
• The average players are working just as many hours as the elite players (around 50 hours a week spent on music),
• but they’re not dedicating these hours to the right type of work (spending almost 3 times less hours than the elites on crucial deliberate practice),
• and furthermore, they spread this work haphazardly throughout the day. So even though they’re not doing more work than the elite players, they end up sleeping less and feeling more stressed. Not to mention that they remain worse at the violin.
I’ve seen this same phenomenon time and again in my study of high achievers. It came up so often in my study of top students, for example, that I even coined a name for it: the paradox of the relaxed Rhodes Scholar.
This study sheds some light on this paradox. It provides empirical evidence that there’s a difference between hard work and hard to do work:
• Hard work is deliberate practice. It’s not fun while you’re doing it, but you don’t have to do too much of it in any one day (the elite players spent, on average, 3.5 hours per day engaged in deliberate practice, broken into two sessions). It also provides you measurable progress in a skill, which generates a strong sense of contentment and motivation. Therefore, although hard work is hard, it’s not draining and it can fit nicely into a relaxed and enjoyable day.
• Hard to do work, by contrast, is draining. It has you running around all day in a state of false busyness that leaves you, like the average players from the Berlin study, feeling tired and stressed. It also, as we just learned, has very little to do with real accomplishment.
This analysis leads to an important conclusion. Whether you’re a student or well along in your career, if your goal is to build a remarkable life, then busyness and exhaustion should be your enemy. If you’re chronically stressed and up late working, you’re doing something wrong. You’re the average players from the Universität der Künste — not the elite. You’ve built a life around hard to do work, not hard work.
The solution suggested by this research, as well as my own, is as simple as it is startling: Do less. But do what you do with complete and hard focus. Then when you’re done be done, and go enjoy the rest of the day.
ANNEXE II
Interpreters in Brussels Practice Group 2013
Interpreters in Brussels Practice Group is a practice group for professional interpreters or recent graduates based in Brussels, aimed at honing both simultaneous and consecutive interpreting techniques through group practice and mutual feedback. It relies upon the commitment of each participant who has the opportunity to practice both techniques and in return gives speeches in their mother tongue. Moreover, each participant receives and gives peer feedback on the interpreting performance.
Being a voluntary group, everyone plays a key role and can provide suggestions in order to meet specific needs and participate actively.
The idea behind the group took shape when I first moved to Brussels and I was looking for fellow colleagues to practice simultaneous and consecutive skills over the year. Thanks to the great response from professionals and the invaluable support of some EU accredited conference interpreters, I decided to further develop the idea and set up the group.
The Hogeschool Universiteit Brussel (HUB: it.ly/1bYtbvu ) provides the interpreting lab, fully equipped with standard interpreting booths and TELEVIC units with virtual recorder VACS and MP3. Colette Storms is the Head of the interpreting department at HUB.
The group meets twice a month: the second and fourth Wednesday of each month, from 6 p.m. to 9 p.m.
The groups are organised according to the number of participants and their language combination, thus guaranteeing everyone to practice both simultaneous and consecutive skills. We usually prepare eight speeches per session covering at least four languages, i.e. four speeches 12-15 minutes long for simultaneous practice and four speeches 8-10 minutes long for consecutive. When we don't have a native speaker, we use online videos or online speech repositories.
We record all our speeches and upload them on Interpreters in Brussels Practice Group Youtube channel (bit.ly/18DSM6Q) and Speechpool (www.speechpool.net), an online learning tool developed by Sophie Llewellyn Smith, an AIIC member.
We also have a Facebook page where we share any information and/or questions relevant to our profession: on.fb.me/1bH30b3
The content of the practice session depends on the participants themselves and varies according to their needs and objectives. Participants can request to work on a specific topic or terminology and practice their retour. Moreover, senior interpreters working for international institutions or on the private market often participate in our sessions by giving speeches and providing targeted feedback.
The composition of the group is varied but always proficient and high-quality, ranging from EU ACI interpreters, international organization staff interpreters, freelancers and recent graduates.
ANNEXE III
Discours en français et anglais pour s’entraîner à la filature (shadowing) ou l’interprétation
Michel Roux – La Perception de la mer
Thierry Coupez – Les sciences mégacomputationnelles
Nicolas Sarkozy – défaite du 20.11.16
Au parlement européen le 22.10.08
Michel Roux Jnr. au Oxford Union
David Cameron on government
Joseph Nye on hard and soft power
Sir Ken Robinson on schools and creativity
Alain de Botton on atheism
Parag Khanna on borders
Stephen Fry on the Catholic Church
Carne Ross on diplomacy
Boris Johnson’s “Baroness Thatcher memorial lecture”
Jamie Shea – NATO’s birth (1st in a series of 6 talks on Youtube, under ‘Jamie Shea’s history class’) – fascinating and excellent use of English
Clergyman Nicky Gumbel on Christianity
Alistair Cooke’s “Letter from America”:
….on Jean Seberg’s death and the FBI
Sir Christopher Meyer:
….on Britain’s role in the world
….on Churchill and the lessons of history
Websites featuring lots of good speakers:
Lots of lengthy and fascinating debates with excellent English speakers
The Royal Society for Arts, Manufactures and Commerce
Excellent speakers on all sorts of topics
Dedicated to rhetoric and public communication in the United States. Offers an archive of speeches, movie speeches, and audio figures of speech.